Proyecto Pilcomayo

Publié le par Benoît Verzat

Voilà un peu un début d’explication sur l’objet de mon stage qui c’est vrai manquait pas mal à ce ptit blog. Le texte qui suit est plutôt dans le genre académique, vu que c’est pour mon école que je l’ai écrit, mais il a le mérite d’exister et de pouvoir subir un brutal copier- coller : ) Promis dès que je peux je raconte notre périple dans toute le bassin, la folie du carnaval d’Oruro, celui de Tarija, toutoutou quoi. A plus !

 

 

A)   Contexte : le fleuve Pilcomayo et la complexité de ses problématiques

Le fleuve Río Pilcomayo prend sa source à près de 5200m d’altitude dans la cordière des Andes.  Son bassin couvre une surface de 270 000 km2 dont 98 000 km2 demeurent en Bolivie, le reste se partageant entre le Paraguay et l’Argentine.  Le fleuve s’écoule depuis les Andes boliviennes, traverse 600 km de canyons et rapides peux accessibles jusqu’à atteindre la plaine du Chaco proche de Villamontes à 400 m d’altitude. Il poursuit ensuite son cours de façon nette jusqu’à Mision la Paz, puis se perd  dans des méandres, se bouche pour « réapparaître » plus bas dans la plaine, avant de se jeter dans le Río Paraguay. Dans cette dernière partie le fleuve sert de frontière naturelle à l’Argentine et au Paraguay.


Le Pilcomayo n’a pas encore vu son débit régulé par des barrages et autres ouvrages hydrauliques. Ainsi ce fleuve est extrêmement dépendant des fluctuations de la pluviométrie au cours des saisons sèches (de Mai à Octobre) et saisons des pluies (de Novembre à Avril). Son débit très variable, de 3 à 5500 m3/s,  a des conséquences importantes sur ses écosystèmes. En effet la partie basse du bassin est alternativement touchée par sécheresses et inondations. Parallèlement la partie andine du fleuve est une zone où il y a un fort phénomène d’érosion entraînant un important débit solide. Ces sédiments arrachés et transportés depuis cette partie du bassin où les pentes sont de l’ordre de 10/1000 viennent se déposer dans les plaines du Chaco entraînant le remplissage du lit du fleuve par déposition et son recul progressif.


Le basin comporte environs 1.3 millions d’habitants dont une partie sont victimes d’inondations, des changements de lit du fleuve, et autres périodes sèches. La nécessité de régulation du débit du fleuve est liée à une modification du mode de vie de la population. En effet par le passé, les populations autochtones s’accommodaient des soubresauts du Pilcomayo. Lors des crues ils se déplaçaient et se mettaient à l’abri du risque sur des sites plus élevés, puis se rapprochaient du fleuve lors de la saison sèche. L’augmentation de la population, sa sédentarisation, la venue de la propriété foncière sont autant d’éléments qui font que l’irrégularité du débit du fleuve est devenu un enjeu important nécessitant une intervention humaine.


La mise en place de barrages régulateurs pose néanmoins problème. En effet la très grande quantité de sédiments transportée par le fleuve rendrait rapide son remplissage et relativement courte sa durée de vie (moins de 30 ans). De plus, les impacts sur les écosystèmes du fleuve d’une régulation, même partielle, du débit, sont difficiles à déterminer. Enfin, l’accumulation de sédiments contaminés par l’activité minière à l’amont d’un barrage présente un possible risque de soudaine contamination à grande échelle de sa partie avale qu’il est nécessaire d’évaluer.


En effet, une composante essentielle du Pilcomayo est la présence d’une activité minière dans la partie haute de son bassin. Dans cette zone se trouvent deux villes majeures de la Bolivie: Sucre qui est à la limite du bassin, et Potosí. C’est autour de cette dernière qu’on trouve les grandes sources de contamination du fleuve. En plus d’une contamination organique il existe une contamination d’origine minérale très conséquente. Celle-ci est liée à l'exploitation minière qui a débuté en 1545 à l’époque de la colonisation. Pendant plusieurs siècles des milliers de tonnes de métaux lourds ont ainsi été déversés dans le Pilcomayo et ses affluents.

L’exploitation des mines de Potosí a commencé par l’extraction d’Argent à partir de filons très riches puis s’est progressivement s´élargie à celle de Zinc et Plomb. Cette activité minière est très sensible car elle a longtemps représenté la principale richesse du pays. Actuellement des milliers de personnes travaillent encore dans ces mines dans des conditions très difficiles. L’exploitation des veines n’est pas programmée, il arrive que des tunnels s’écroulent, et la productivité y est très faible. Pour autant cette activité se redéveloppe avec l’augmentation du prix des métaux.


La récente mise en place de digues de contention a permis de diminuer la contamination liée aux mines. Grâce à ces digues, les boues et ses contaminants provenant des ingenios sont partiellement stockés. Les particules solides se déposent et seule l’eau (certes contenant des ions métalliques dissous) se déverse dans la Ribera , affluent du Pilcomayo. Ces digues font malheureusement l’objet d’accidents, se rompant soudainement et déversant alors des boues hautement contaminées.

L’eau du Pilcomayo dans toute sa partie haute contient ainsi des concentrations élevées en métaux lourds, mutilant le développement de sa vie aquatique, la rendant impropre à un usage d’irrigation et à plus forte raison à la consommation humaine.

Des études ont montré qu’on retrouve des métaux lourds en quantité supérieure à la normale dans les cheveux de la population du bassin vivant au bord du fleuve dans sa partie basse. Il n’est pas encore clair si cette contamination est due à une présence naturelle de ces substances, ou si elle est d’origine anthropique (minière). Toujours est-il que certaines communautés utilisent directement l’eau du Pilcomayo contaminée par l’exploitation minière à des fins d’irrigations, et qu’on retrouve des concentrations en métaux lourds dangereuses pour la santé humaine dans certains produits agricoles de la zone.

Le Pilcomayo est également le lieu d’une activité piscicole non négligeable. Le Sábalo, ce poisson connu dans tout le pays pour son goût savoureux,  a vu sa population décroître de façon importante ces dernières années, au  point qu’il est actuellement interdit d’en pêcher pour un usage commercial durant certaines époques de l’année.

De nombreux facteurs sont évoqués pour expliquer cette diminution. D’une part les facteurs humains que sont : une pêche trop importante  pour le renouvellement de la population, la mise en place d’infrastructures entravant le cheminement du fleuve dans la partie basse du bassin, et enfin les effets de la contamination minière. D’autre part des facteurs naturels entrent également en jeux : l’irrégularité du cycle hydrologique, ainsi que le processus de sédimentation dans la partie basse du bassin entraînant la déconnexion des zones humides.

 

 

B)   L’organisme d’accueil : Proyecto de Gestión Integrada y Plan Maestro de la Cuenca del Río Pilcomayo

Face aux difficultés que rencontre ce grand fleuve d’Amérique Latine, les trois pays qui se partagent son bassin se sont mis d’accord pour unir leurs efforts et chercher des réponses à la complexité des problématiques du bassin.

Afin d’avoir un appui financier et d’expertise de gestion des cours d’eau, ces trois pays, à travers une commission trinationale, ont sollicité l’aide de l’Union Européenne. La Commission Européenne a ainsi décidé de les soutenir dans leur coopération pour effectuer une analyse complète de la situation du bassin du Pilcomayo. L’objectif à terme est d’établir un plan de gestion du fleuve comprenant un ensemble de propositions d’interventions dans le but d’améliorer le développement socioéconomique de la population du bassin. 

C’est à travers le Proyecto Pilcomayo, ou pour être plus précis le « Proyecto de Gestión Integrada y Plan Maestro de la Cuenca del Río Pilcomayo » que cette aide se concrétise. Ce projet est donc une institution dont l’existence est fixée dans le temps : de juillet 2002 à juillet 2008 et dont la fin devrait permettre la mise en place d’un organisme de gestion de bassin commun aux trois pays.  

Le Proyecto Pilcomayo dispose pour cette période d’un budget total de 16.3 Million d’euros composé d’un apport de 3.9 M d’euros de la part des trois pays et de 12.6 M d’euros de l’Union Européenne.

Environs 25 personnes travaillent de façon permanente au sein du Proyecto aux quelles s’ajoutent des experts locaux et stagiaires présents pour des périodes plus ou moins longues.

Ce n’est pas un projet de réalisation, dans le sens où sa raison d’être n’est pas la construction d’ouvrages. Mes trois premiers mois de stage m’ont montré qu’une composante essentielle du projet est politique : il s’agit de pacifier les positions de ces trois pays au sujet de leur fleuve commun, le Pilcomayo. Le but est donc de recueillir des informations sur le fleuve, faire des propositions d’intervention et projets pilotes, mais surtout de mettre d’accord ces trois nations que sont la Bolivie , le Paraguay et l’Argentine.

Publié dans Tarija - Bolivie

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A
Coucou Benito!  C est super de te suivre et de comprendre ce que tu fais la bas. Esperons que tout ce grand monde se mette d accord pour le bien etre de la population. De mon cote , la Roumanie se termine. A plus. Gros bisous. Lilie
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S
Salut Benoit!je vois que tout se passe bien en amérique du Sud !j'ai pas tout lu mais je reviendrai sur ton blog pour la suite.mais fait attention, le retour à TPE va être dur !!!aller bon voyage et à bientot
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M
Ah! je suis comblée! Merci pour toutes ses explications! Par où es-tu passé pour trouver un stage pareil?<br /> En tout cas on attend la suite avec impatience<br />  <br /> Bisous<br /> Mélanie
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