Bolivie, culture, richesses et divisions
De ce que j’en ai vu, la Bolivie est d’une richesse et d’une diversité culturelle abasourdissante : ) Les fêtes, les musiques, les costumes, les plats, chaque région à quelque chose d’unique qui la démarque des autres. La comparaison qu’on me demande souvent de faire avec la France est généralement triste à avouer …
Cette diversité culturelle bolivienne est délicieuse à respirer, d’autant plus quand tout est nouveau. Parce que les gens la vivent, c’est pas un truc ringard que de danser la Chacalera ou une Cueca, de marcher dans la rue en fanfare pour la fête des enfants, de manger du Saice, des umitas, ou de défiler en costume multicolore pour la fête de San Roque, c’est ça qui est terrible, cette culture se vit.
Malheureusement à côté du délice de cette diversité bolivienne, depuis le climat à la musique, certains ont eu la mauvaise idée de l’utiliser pour en fabriquer de la division, des sentiments d’appartenance qui excluent.
L’autre jour en lisant le journal « El Pais » je trouve « Morales, presidente del pais andino »… (Morales, président du pays andin, etc…) Santa Cruz, le Sud de Tarija, le Beni, Pando, tous ces départements de Bolivie n’ont géographiquement parlant rien à voir avec les Andes… Ce simple mot du journaliste, laisse à entendre que Morales n’est pas Président de Bolivie, mais de sa partie andine…
Le mois dernier, la municipalité organisait le traditionnel festival de blague. Rire à en avoir mal au bide, il y a rien de mieux. Et puis une blague qui me laisse songeur. « Trois Cambas (cambas=les gens qui vivent dans le département de Santa Cruz) sont entrain de tabasser un Colla (colla=terme péjoratif qui désigne les gens vivant sur l’altiplano). Un Chapaco (chapaco=type de Tarija) passe par là et voit la scène… il se rapproche… et se met à tabasser lui aussi le colla ! » Ca fait peur à entendre.
Ici quelques voitures portent un autocolant où est dessinée une carte de la Bolivie avec seulement une partie mise en évidence en rouge, elle correspond à la zone orientale du pays avec les départements Beni, Tarija, Santa Cruz, Pando, Cochabamba. En dessous, deux mots tragiques qui disent « Mi pais » …
Et puis à la radio on peut entendre Morales énoncer « nosotros los aymaras y quechuas » … J’ai du mal à comprendre comment un homme à la tête d’une nation peut se mettre comme ça dans un groupe en excluant ainsi ceux qui ne sont pas ou ne se sentent pas, comme lui, aymaras ou quechuas… Certes Evo président c’est une revanche, une revanche de 200 ans de « démocratie » sans un homme à la peau foncé au pouvoir… Morales sait d’où il vient, il sait qui il est, il veut le faire savoir. Mais pour autant je vois ça comme une faiblesse de sa part d’utiliser des mots qui puissent renforcer des sentiments d’appartenance qui divisent, dans un pays, où certains verraient d’un bon œil son éclatement…