¿L’agriculture en Bolivie : dans une impasse?

Publié le par Maud & Benoit

           Quand on regarde la situation, il nous semble que la production agricole de Bolivie est dans une impasse. D’abord parce que les méthodes agricoles utilisées sont en grande majorité polluantes et non durables. Elles épuisent la terre et constituent une des majeures causes de pertes de forêts et de biodiversité de ce pays. Ensuite parce que la production s’oriente, avec la mondialisation de l’économie, vers une exportation plus forte, et non une production locale assurant une sécurité alimentaire. Or culture d’exportation rime souvent avec compétition vers le bas, et avec agriculture polluante et destructrice de l’environnement…

L’agriculture sur brulis est la méthode ancestrale de culture la plus utilisée aujourd’hui en Bolivie. Elle consiste à brûler le terrain que l’on va utiliser avant de le cultiver. Cela permet à la fois de dégager facilement le terrain pour planter (notamment pratique dans le nord, où la forêt tropicale dense rend très long le dégagement de l’espace à la machette) et fertilise la terre pendant environ 3 à 5 ans. Mais pendant 3 à 5 ans seulement. Ensuite, il faut laisser cette terre et la forêt repousser pendant environ 15 ans avant de pouvoir la cultiver! Cette méthode est donc adaptée lorsque l’on possède beaucoup de surface pour faire des rotations. Cela est possible aujourd’hui en Bolivie : le pays est immense. Et pour être propriétaire en général, il suffit d’exploiter une terre! Ainsi, beaucoup de mineurs des régions de Potosí et Sucre, ayant perdu leur travail, sont partis cultiver des terres au sein de la forêt bolivienne dans le nord du pays (de la coca ou autres produits) afin de gagner un peu d’argent.

Les effets sur l'environnement et la santé de cette méthode agricole ne sont pas anodins : au mois de juillet et août, certaines grandes villes comme La Paz sont couvertes d’épais nuages de fumés toxiques “El Chaqueo” venant des brulis agricoles. Lors de notre voyage nous avons pu voir beaucoup de terrains partir en fumé autour de La Paz, mais également du parc Madidi. Au final, chaque année la Bolivie perd 300000 ha de forêt du fait de l'agriculture sur brulis, dont des forêts primaires avec une biodiversité considérable.

Le sort actuel du parc Madidi en est un exemple frappant du problème du feu en Bolivie: ce parc contient une des biodiversité des plus riches de la planète. S’étalant sur 5000m d’altitude sur la cordillère des Andes. Singes, puma, jaguar, oiseaux de toutes les couleurs... il y a quelques années, on y a découvert une nouvelle espèce de singe encore inconnu. Ce parc est protégé par des gardes nationaux (SERNAP) et en parti par le programme de conservation de l’Unesco ("réserve de biosphere"). Pourtant, lors de notre passage dans le parc, la montagne d’à coté a connu le même sort que celles alentours : elle est partie en fumée. Sans aucune raison : pas d’agriculture sur celle-ci. On pense que cela est du a une croyance locale qui certifie que ces fumées permettent d’apporter la pluie. Ce qui est sur, c’est le parc Madidi aujourd’hui se meurt à petit feu…

L'autre type d'agriculture qui se développe aujourd'hui en Bolivie est une agriculture industrielle, à l'image de celle que l'on retrouve en France, utilisant moultes produits phytopharmaceutiques, plantes hybrides et transgéniques, avec toutes les conséquences désastreuses sur l'environnement et la santé que l'on peut connaitre aujourd'hui.. Cette agriculture est surtout pratiquée dans la région de Santa Cruz et destinée en partie a l'exportation : quinoa, mais, café, cacao, sucre, coca... et aussi beaucoup d'élevage industriel de vaches et de poulets, consommés en grande quantités dans le pays.

Les petites exploitations ne font pas face a cette agriculture de masse, bien plus rentable, et les campagnes boliviennes se vident petit a petit.. pour remplir les villes. Ainsi, l'agriculture se dirige de plus en plus vers des monocultures non durables, vouées à l'exportation. Or cela parait terriblement  illogique lorsque l'on constate qu'un tiers de la Bolivie souffre de sous-nutrition alors que ce pays possède largement les ressources pour produire suffisamment et nourrir tous ses habitants!

 

Comme beaucoup de pays "du sud" la Bolivie semble être entrainée inexorablement par le système international commercial vers une production plus importante pour les « pays du nord » (il n'y a qu'a voir l'arrivée en masse de quinoa par chez nous), plus rentable, et moins pour elle-même.. tout en détruisant ses propres terres...

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M
<br /> <br /> Dis donc manu, toute publicité est prohibée sur ce blog !! :)<br /> <br /> <br /> merci pour le site du bilan carbone. jvai tenter d'y inciter benoit mais pour l'instant l'humeur est au boudage des systèmes de compensations :)<br /> <br /> <br /> pour l'espagnol, je gère a fond bien sûr! je m'en vais parfois en mission au milieu des bleds perdus pour acheter un bout de pain, histoire de voir si je peux me faire comprendre.. mais j'avoue<br /> utiliser pas mal la langue des signe dans ces cas là! :)<br /> <br /> <br /> bises!<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci pour cet article de "fond" bien intéressant.<br /> <br /> <br /> Cette agriculture toujours plus tournée vers nous, habitant/es des pays à PIB élevé, nous montre le grand rôle que nous avons à jouer (et notre part de responsabilité). La (ou "le" je sais<br /> jamais) quinoa est un très bon exemple des limites écologiques et sociales du label AB. Quoi, y'en a qui ne regarde pas encore l'ACV de leurs produits :). (je ne résiste pas, pardon : on peut<br /> lire le trèèès bon dossier de la revue S!lence de novembre sur le thème : sortir de la bio-industrielle, une urgence sociale).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sinon j'ai trouvé un super site pour vous aidez à réduire votre bilan carbone (qui je le sais vous pèse sur la conscience) pour votre retour. Comptez un bon petit mois de covoiLurage :<br /> http://www.stw.fr/bourses/List_offre_Bateau.cfm<br /> <br /> <br /> Au fait, Maud, comment va l'espagnol ? tu te débrouilles ?<br /> <br /> <br /> bonne suite !<br /> <br /> <br /> Manu<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Hola !<br /> <br /> <br /> C'est bien intéressant tout ça... j'ai appris plein de choses !<br /> <br /> <br /> J'espère que tout se passe bien (depuis le vol de vos affaires... c'est rageant ça quand même, mais ça fera des souvenirs ;)).<br /> <br /> <br /> Des bisous, profitez bien des dernières semaines ! On se croisera en janvier !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Camille<br /> <br /> <br /> <br />
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